Des températures pour les fonctions exécutives?

© Louise Rodrigue, psychologue/neuropsychologue scolaire

Bien qu’un peu arbitraire, certains auteurs séparent les fonctions exécutives en deux catégories: les fonctions exécutives froides et les fonctions exécutives chaudes. Ces deux catégories se distinguent selon les contextes dans lesquels ils opèrent.

Les fonctions exécutives froides

Habituellement associée aux régions préfrontales dorsolatérales du cerveau, ces fonctions réfèrent à ce que l’élève peut utiliser pour accomplir des tâches qui sont neutres aux plans émotionnel et motivationnel.

Il y aurait trois fonctions exécutives de ce type: l’inhibition, la mémoire de travail et la flexibilité cognitive (Miyake et Friedman, 2012). Roy et al. (2020) mentionnent que le versant froid concerne les situations sollicitant de manière préférentielle le raisonnement logique, sans état émotionnel particulier. Aux trois fonctions précédemment énumérées, ils ajoutent la planification et les stratégies organisationnelles.

Un élève qui présenterait un dysfonctionnement à ce niveau pourrait notamment présenter des difficultés sur le plan du rendement académique.

Les fonctions exécutives chaudes

Celles-ci relèvent davantage des régions orbitaires et ventro-médianes du cortex préfrontal. Elles correspondent au versant affectif des fonctions exécutives.

Les composantes des fonctions exécutives chaudes sont les capacités d’autorégulation et de contrôle de ses émotions, les capacités de prise de décision dans des situations à l’issue incertaine qui peuvent impliquer un enjeu affectif. Elles peuvent aussi inclure plus globalement la cognition sociale.

Les fonctions exécutives chaudes sont donc utilisées pour accomplir des tâches chargées sur le plan émotionnel. Grâce à elles, l’élève est en mesure de contrôler son comportement pour réagir de façon socialement acceptable lorsqu’il est en colère (en tenant compte de son âge et de son niveau de maturité évidemment!). Il sera aussi en mesure de fournir un petit effort supplémentaire pour atteindre un but qu’il considère important et qui le motive.

Des déficits à ce niveau risquent d’altérer la capacité de jugement lors de la prise de décisions, notamment celles fondées sur l’évaluation des risques.

Tout est relatif

Entendons-nous toutefois pour dire que dans la vie de tous les jours, les fonctions sollicitées ne sont pas toujours strictement «froides» ou «chaudes». Lorsque nous accomplissons une tâche, il y a généralement, aussi minime soit-elle, une petite motivation qui nous anime! Nous devons donc garder une certaine ouverture d’esprit face à ces catégories. Elles ne sont pas étanches et peuvent même se chevaucher.

Références

Brock, L. L., Rimm-Kaufman, S. E., Nathanson, L. et Grimm, K. J. (2009). The contributions of “hot” and “cool” executive function to children’s academic achievement, learning-related behaviors, and engagement in kindergarten. Early Childhood Research Quarterly, 24(3), 337-349

Miyake, A. et Friedman, N. P. (2012). The nature and organization of individual differences in executive functions: Four general conclusions. Current Directions in Psychological Science, 21(1), 8-14. doi: 10.1177/0963721411429458

Poon, K. (2017). Hot and cool executive functions in adolescence: Development and contributions to important developmental outcomes. Frontiers Psychology, 10(8), 2311. doi: 10.3389/ fpsyg.2017.02311

Roy, A., Roulin, J-L., Fournet, N., Le Gall, D., Krasmy-Pacini, A. et Chevignard, M. (2020). Chapitre 12 Les troubles des fonctions exécutives. Dans S. Majerus, I. Jambaqué, L. Mottron, Van Der Linden, M. et M. Poncelet (dir.), Traité de neuropsychologie de l’enfant (2e éd.). DeBoeck.

Zelazo, P. D., Qu, L. et Kesek, A. C. (2010). Hot executive function: Emotion and the development of cognitive control. Dans S.D. Calkins et M.A. Bell (dir.), Child development at the intersection of emotion and cognition (p. 97-111). Washington, DC: American Psychological Association.

Dernière mise à jour: 7 avril 2021

%d blogueueurs aiment cette page :