La catégorisation

© Louise Rodrigue, psychologue/neuropsychologue scolaire

La catégorisation, c’est quoi au juste?

La catégorisation est d’abord et avant tout une opération mentale…

Qui permet quoi?

… une opération mentale qui permet de faire des liens entres des éléments, des objets, des personnes, des événements, des stimuli, des items, des concepts, etc. …

Comment?

Soit…

… en les regroupant en un concept commun (ex. : une mouche et une araignée peuvent être regroupés sous le concept commun des insectes)…

Ou…

… en extrayant un critère commun

Bref, il s’agit de mettre ensemble ce qui va (ou pourrait aller) ensemble.

La catégorisation est une opération mentale très importante : il s’agit de classer, de trier en fonction de différents critères, de repérer des invariants, des régularités au sein de la diversité.

Mazeau, M. (2021)

Quand?

L’élève utilise la catégorisation pour différentes tâches. En voici quelques exemples:

  • Compléter une suite logique (pour ce faire, il est nécessaire d’extraire les critères communs des items précédents);

Dans l’exemple, il est nécessaire d’extraire le critère commun « ce sont tous des fruits » pour être en mesure de résoudre cette suite logique.

  • Enlever un intrus dans un ensemble donné;
  • Effectuer du rangement (Ex.: Classer ses crayons avec ses crayons);
  • Se donner une stratégie mentale pour mieux encoder (ex. Les verbes avec les verbes, les voyelles avec les voyelles…),
  • Etc.

Le développement des habiletés de catégorisation

Assez rapidement, le bébé apprend (grossièrement!) à extraire certaines régularités dans son environnement et à faire abstraction des variabilités entre ceux-ci. Pour ce faire, il utilise initialement des critères surtout perceptifs (ce qu’il voit, sent, goûte, touche, etc.).

Par exemple, le bébé aura tôt fait de reconnaître un biberon, malgré leur diversité de forme et de couleur.

Cette capacité se raffine avec le temps. Les critères pris en compte deviennent de plus en plus variés, nombreux et abstraits.

Fonction adaptative

La catégorisation permet de s’adapter plus facilement à une situation nouvelle… il s’agit d’une opération mentale qui relève de la grande catégorie (sans jeu de mots!) des fonctions exécutives

Liam a appris à conjuguer les verbes à l’impératif. Aujourd’hui, son enseignante introduit un nouveau mot qu’il ne connaît pas et elle leur mentionne qu’il s’agit d’un verbe qu’il doit apprendre à conjuguer à l’impératif. Liam n’est pas déstabilisé: il connaît d’autres mots similaires qui se trouvent dans la catégorie des verbes à l’impératif. Il a déjà un point de repère qui lui permet d’anticiper la suite. 

En procédant par analogie, l’élève peut comparer son nouvel apprentissage à quelque chose de connu, ce qui lui permet de généraliser la règle.

En fait, la catégorisation est omniprésente dans notre quotidien. De façon imagée, il s’agit en quelque sorte de tiroirs où nous rangeons nos connaissances. Lorsque celles-ci sont rangées de façon pêle-mêle et peu logique (selon notre propre perspective), il peut être difficile de retrouver l’item que nous cherchons.

La catégorisation et le développement du langage

La catégorisation permet de se construire un lexique (ensemble de mots) riche, varié et fonctionnel.

Le lexique se construit surtout à partir des analogies que nous effectuons entres différents éléments.

Mazeau (2021) donne l’exemple suivant:

Ainsi, lorsqu’on liste dix éléments de la catégorie « oiseaux », il est rare d’évoquer l’autruche ou la poule. Ces derniers sont pourtant bien des oiseaux (2 pattes, 2 ailes, plumes, font des nids, pondent des œufs…), mais ils sont très éloignés des prototypes (moineau, merle, mésange, pigeon, corbeau, pie, pinson, etc.) dont une des caractéristiques centrales est « vole », critère que ne remplissent ni l’autruche ni la poule.

Références

Houdé O. (1992) Catégorisation et développement cognitif. Paris: Puf.

Mazeau, M., Pouhet, A. et Ploix Maes, E. (2021) Neuropsychologie et troubles des apprentissages chez l’enfant. Les dys- au sein des troubles du neuro développement. 3e édition. Elsevier Masson.

Dernière mise à jour: 3 octobre 2021

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