© Louise Rodrigue, psychologue/neuropsychologue scolaire
Les élèves ont des capacités d’apprentissage impressionnantes. Paradoxalement, la mémoire n’est pour l’instant que peu étudiée chez l’enfant, comparativement à tout ce qui a été fait jusqu’à maintenant chez l’adulte.
Ceci est tout de même dommage, car nous avons bien peu de recherche sur laquelle nous appuyer pour investiguer un trouble de mémoire, alors que d’autres fonctions (langage, attention, praxies par exemple) sont beaucoup plus documentées. D’ailleurs, cette si faible popularité pour le sujet fait en sorte que bien des professionnels ignorent l’existence d’un trouble mnésique, en l’absence de cause physique qui pourrait expliquer la manifestation (par exemple, un foyer épileptique, un AVC, une lésion quelconque au cerveau suite à un traumatisme crânien).
Bien évidemment, la mémoire est directement liée aux apprentissages et un dysfonctionnement de celle-ci apporte inévitablement des conséquences en milieu scolaire.
Le processus d’apprentissage
Lorsque nous abordons le thème de la mémoire, il importe de bien comprendre les différents processus impliqués. On fait ici référence à:
L’encodage d’une information nouvelle
Il s’agit du premier stade du processus de mémorisation.
La consolidation de la trace encodée
C’est le temps entre la période active de mémorisation et la période de récupération.
La récupération de la trace en mémoire
C’est à ce moment que nous nous servons des informations encodées.
Les mémoires sous différentes formes
En fait, nous parlons souvent de la mémoire. Mais ceci est une erreur. Il n’y a pas une mémoire. Il y a des mémoires. Nous les distinguons selon plusieurs paramètres.
Les types de mémoire
On distingue ici deux types principaux, qui se subdivisent par la suite:
Les mémoires provisoires et transitoires
- La mémoire sensorielle, qui est une mémoire « à très court terme »
- La mémoire à court terme
- La mémoire de travail
Les mémoires à long terme
Ce type de mémoire réfère à l’information qui peut être maintenue dans le temps et récupérée par la suite.
C’est donc à cet endroit que les informations seront stockées, classées, organisées… de façon plus ou moins cohérente (à l’image du rangement dans nos maisons!).
Les mémoires à long terme sont généralement subdivisées ainsi:
La mémoire explicite (déclarative)
Cette mémoire contient entre autres:
La mémoire sémantique
Nous référons ici au lieu de stockage des connaissances générales: le vocabulaire, les connaissances diverses accumulées sur le monde, la définition des concepts plus abstraits, etc.
La mémoire épisodique
Il s’agit ici du processus par lequel l’humain se souvient des événements vécus avec leur contexte. Elle contribue à construire notre histoire, c’est pour cette raison que l’on dit souvent qu’elle contient des souvenirs autobiographiques.
On peut aussi la subdiviser ainsi:
- La mémoire rétrospective (réfère à des événements passés);
- La mémoire prospective (la capacité à se rappeler d’actions futures que l’on planifie effectuer).
La mémoire implicite (non déclarative ou procédurale)
La mémoire procédurale stocke les savoir-faire, les compétences automatisées et inconscientes. Elle réfère à l’apprentissage du “comment”.
Il n’y a aucun doute concernant ce sujet: la mémoire est indispensable aux apprentissages, peu importe la nature de l’apprentissage. Des recherches plus poussées quant à son déploiement sur le plan développemental seraient certainement pertinentes et nous permettraient d’être mieux outillés pour aider les élèves à cheminer davantage.
Références
Glasel, H. et Mazeau, M. (2017). Conduite du bilan neuropsychologique chez l’enfant (3e éd.). Elsevier Masson.
Mazeau, M. et Pouhet, A. (2014). Neuropsychologie et troubles des apprentissages chez l’enfant : du développement typique aux dys- (2e éd.). Elsevier Masson.
