Le modèle des intelligences multiples d’Howard Gardner

© Louise Rodrigue, psychologue/neuropsychologue scolaire

Controversé et souvent contesté dans le monde de l’éducation, étant même inclu dans le palmarès des neuromythes (cf. Les neuromythes en éducation), la théorie des intelligences multiples d’Howard Gardner aura tout de même contribué à considérer la douance sous un angle différent, davantage écologique et pratico-pratique. Cette théorie n’est pas sans rappeler l’importance de favoriser le déploiement du plein potentiel de l’élève dans la vie de tous les jours en créant les conditions de vie propices à cette émergence.

Voici les faits saillants de sa théorie:

  • Chaque personne possède dès la naissance des intelligences transmises par ses parents (génétiquement);
  • Ces intelligences se développent par l’entraînement ou s’expriment selon les valeurs du milieu dans lequel il évolue et les opportunités que lui offre son environnement.

Gardner définit l’intelligence comme un potentiel biopsychologique qui permettrait à l’individu de résoudre des problèmes ou de produire des biens, de différentes natures et ayant une valeur dans un contexte culturel ou collectif précis.

AUTHIER, É. (2017)

Des intelligences?

Pour Gardner, l’intelligence ne représente pas un concept unitaire. En fait, il y aurait selon lui plusieurs formes d’intelligence, huit pour être plus précis, d’où l’appellation d’Intelligences multiples.

Les différentes formes d’intelligences

Abordons les différentes formes d’intelligences selon Gardner en les transposant vers les élèves…

Selon Gardner, cette forme d’intelligence réfère à l’aptitude que la personne a à considérer, comprendre, voire ressentir, les émotions de quelqu’un d’autre, à arriver à se mettre à la place d’autrui: faire preuve d’empathie et de maîtrise sur le plan des relations interpersonnelles.

Cette forme d’intelligence se manifesterait dans la capacité qu’a l’élève à reconnaître et à comprendre ses propres réactions, ses objectifs, ses capacités, ses limites, à exprimer ce qu’il ressent sans blesser l’autre et à canaliser ses émotions de façon constructive.

Sous cette forme, l’élève démontre ses capacités à à réfléchir musicalement: lorsqu’il entend des modèles musicaux, est-il en mesure d’appréhender leurs structures? Reconnaître et décrypter ce qu’il entend? S’en souvenir?manipuler ces éléments?


Clin d’œil neuropsy

Reconnaître et décrypter ce qu’il entend? S’en souvenir? Manipuler ces éléments? Reconnaissez ici l’implication évidente de la mémoire de travail…


L’élève démontre cette forme d’intelligence lorsqu’il a à contrôler les mouvements de son corps ainsi qu’à manier des objets avec dextérité (en simple: la motricité globale et fine).

On réfère donc ici au traitement de l’information en sollicitant les capacités d’imagerie mentale, ce qui est particulièrement utile lorsqu’il s’agit d’illustrer des idées ou des concepts (par exemple, lorsque le jeune dessine/peint/modèle en pâte à modeler/etc. ce qu’il « voit » dans sa tête).

Différentes composantes du langage sont à prendre en compte ici:

  • L’élève est-il en mesure de réfléchir sur la langue et de traiter ses composantes de manière contrôlée (la conscience métalinguistique)?
  • Est-il capable d’utiliser le langage dans le but d’exprimer sa pensée?
  • Et qu’en est-il de sa compréhension des autres?
  • Etc.

Cette forme réfère à plusieurs aptitudes: le raisonnement mathématique et scientifique, la capacité à faire preuve d’abstraction en mathématiques, anticiper un résultat, faire preuve de logique, manipuler des chiffres, des quantités, résoudre des opérations mathématiques, etc.

L’élève sollicite cette forme d’intelligence entre autres lorsqu’il doit reconnaître et classer des espèces de la faune et de la flore…


Reconnaître et classer des espèces de la faune et de la flore? Reconnaissez ici l’implication évidente des habilités de catégorisation qui relèvent des fonctions exécutives

La 9e forme

Une 9e forme aurait également été évoquée, quoique celle-ci ne semble pas totalement être considéré comme une forme d’intelligence selon Gardner. Il s’agit ici de la capacité à réfléchir aux questions fondamentales de l’existence humaine, donc la forme existentielle.


Critiques de la théorie de Gardner

Tel que mentionné précédemment, la théorie de Gardner est très controversé dans le milieu de l’éducation. Ses détracteurs s’appuient, pour la plupart, sur la définition scientifique d’une théorie.

Une théorie (du grec theoria, « contempler, observer, examiner ») est un ensemble cohérent d’explications, de notions ou d’idées sur un sujet précis, pouvant inclure des lois et des hypothèses, induites par l’accumulation de faits provenant de l’observation, l’expérimentation ou, dans le cas des mathématiques, déduites d’une base axiomatique donnée : théorie des matrices, des torseurs, des probabilités. Elle ne doit pas être confondue avec un principe philosophique contrairement aux principes observés et provisoirement admis suggérés par l’expérience, ni avec une hypothèse. (…) En philosophie des sciences, une théorie scientifique doit répondre à plusieurs critères, comme la correspondance entre les principes théoriques et les phénomènes observés. Une théorie doit également permettre de réaliser des prédictions sur ce qui va être observé. Enfin, la théorie doit résister à l’expérience et être compatible avec les nouveaux faits qui peuvent s’ajouter au cours du temps, ou rester valide dans de nouveaux domaines non encore explorés lors de sa première élaboration. Si ce n’est pas le cas, la théorie doit être corrigée, voire invalidée en dehors de son premier domaine.

Source: Wikipedia

Larivée et Sénéchal (2012) présentent les principales critiques dont a fait l’objet cette théorie. Nous invitons donc le lecteur intéressé à aller plus loin à s’y référer. Pour notre part, nous ne saurions qu’être en accord avec ce passage tiré de leur article:

(…) Par ailleurs, on ne saurait balayer du revers de la main l’effort de Gardner de valoriser d’autres domaines plus ou moins négligés où s’exerce l’intelligence grâce aux vertus des divers talents distribués dans les populations humaines. De ces sphères méconnues où s’entremêlent souvent l’émotivité et l’intelligence jaillissent des chefs-d’œuvre ou, tout au moins, des savoir-faire susceptibles de sauvegarder un sentiment de valeur personnel chez des individus moins naturellement adaptés aux systèmes scolaires. À ce titre, les chercheurs et les cliniciens gagneraient à créer des outils pour déceler puis stimuler des talents cachés, des projets non dits ou tout simplement des savoir-faire jusque-là ignorés ou dévalués dans leur milieu.

Larivée et Sénéchal (2012), p. 40

Références

Authier, É. (2017, septembre). Regard sur les modèles théoriques de la douance. Psychologie Québec.

Blanchette Sarrasin, J. et Masson, S. (2017). Connaître les neuromythes pour mieux enseigner. Enjeux pédagogiques, 28, 16-18.

CTREQ (2018). Les neuromythes en éducation. Réseau d’information pour la réussite éducative.

Larivée, S. et Sénéchal, C. (2012). Que dit la science à propos des intelligences multiples? Revue québécoise de psychologie, 33(1), 23-45.

Pour aller plus loin…

Vous souhaitez en apprendre davantage à ce sujet?*

Howard Gardner Discusses Multiple Intelligences

(Lien externe – vidéo en anglais)

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Dernière mise à jour: 31 octobre 2021

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