© Louise Rodrigue, psychologue/neuropsychologue scolaire
Cette question revient régulièrement: doit-on parler de la mémoire de travail? Ou encore de la mémoire à court terme? Ou encore scinder les deux concepts? En fait… toutes ces réponses sont bonnes! Ceci dépend de l’auteur à qui nous nous référons. Voici quelques clarifications…
Michèle Mazeau, une auteure très réputée dans le domaine de la neuropsychologie, indique:
MCT et MT sont deux entités différentes. En effet, si dans les deux cas, il s’agit toujours de maintenir brièvement actives quelques informations, sur le plan structurel et fonctionnel, MCT et MT ont des caractéristiques différentes :
la MCT conserve les informations durant un court délai (environ une minute). Poncelet et al. (2009) définissent la MCT « comme un système et un processus sous-tendant le stockage passif d’informations verbales ou visuospatiales » ;
la MT, outre un espace de stockage, comprend un processeur de contrôle (l’administrateur central) permettant de surcroît un travail sur ce matériel transitoirement stocké et non une simple restitution.
On observe d’ailleurs en clinique des doubles dissociations signant la relative indépendance de ces deux éléments : certains enfants réussissent bien l’épreuve de restitution de données sérielles dans l’ordre (MCT) et non l’épreuve de réorganisation du matériel (MT), alors que d’autres présentent le profil inverse.
Mazeau et al. (2021) p. 248-249
Pour sa part, Steve Majerus (2020), un auteur très réputé également, mentionne:
Ces concepts sont souvent distingués dans la littérature en considérant que la mémoire à court terme concernerait davantage le stockage passif des informations alors que la mémoire de travail concernerait davantage la manipulation (le traitement) des informations stockées (Atkinson & Shiffrin, 1968; Daneman & Carpenter, 1980). Cette distinction est cependant difficile à maintenir dans la mesure où même les tâches de stockage passif impliquent l’utilisation de stratégies et de processus de contrôle attentionnel pour l’encodage et la rétention des informations à court terme, même si c’est dans une moindre mesure par rapport aux tâches dites « de stockage et de traitement» (voir Cowan, 2017, pour une discussion approfondie). Afin d’éviter toute confusion conceptuelle, nous proposons d’utiliser le terme «mémoire de travail» pour renvoyer à toutes situations où de l’information doit être maintenue temporairement (qu’elle doive être en plus manipulée/transformée ou non) et d’analyser de manière spécifique les composantes impliquées dans chaque tâche de MT.
Majerus, S. (2020) p. 203
Ainsi, les unes envisagent la mémoire de travail comme étant un concept distinct de la mémoire à court terme en s’appuyant sur le fait que la mémoire de travail permet une manipulation plus active de l’information alors que d’autres mentionnent que cette distinction est difficile à maintenir.
Il s’avère donc important de s’assurer du cadre conceptuel retenu par l’auteur lorsque l’on consulte la littérature scientifique portant sur le sujet!
Références de la section Mémoire de travail
Dernière mise à jour: 10 avril 2022