© Louise Rodrigue, psychologue/neuropsychologue scolaire
Aussi désignée par les expressions haut potentiel intellectuel (HPI), précocité intellectuelleou tout simplement surdoué, la douance intellectuelle soulève bien des passions. En fait, l’engouement des dernières années pour cette thématique a mis en lumière différentes façons de conceptualiser le tout, et nécessairement des divergences d’opinions qui se soldèrent par quelques malentendus. D’ailleurs, l’Ordre des psychologues du Québec et l’Ordre des psychoéducateurs et psychoéducatrice du Québec, ont récemment publié sur le sujet, via leurs magazines respectifs.
Mais d’abord, un peu d’histoire…
Pour bien comprendre le courant actuel sur la douance au Québec, il est nécessaire de faire un petit retour en arrière…
Début du 20e siècle
Des chercheurs commencent à s’intéresser plus particulièrement au domaine de la douance.
Fin des années 1970 – début des années 1980
Françoys Gagné, expert reconnu en matière de douance, développe un programme adapté aux élèves à haut potentiel. Perçus comme étant une consécration d’une forme d’élitisme, des syndicats s’opposent à cette mesure. Le programme avorte. Au Québec, le domaine est boudé pendant de longues années. Or, les recherches se poursuivent ailleurs dans le monde…
2011
La Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSMB) – un centre de services scolaire très réputé de la province – adopte en juin 2011 une Politique et un cadre de référence pour les élèves doués et talentueux. On y réfère notamment aux définitions contenues dans l’ouvrage suivant de Gagné (2009), Construire les talents à partir de la douance : Bref survol du MDDT 2.0.
2016
Parution du documentaire Maman, quand est-ce que j’apprends? Des chercheurs et spécialistes du domaine de l’éducation abordent le sujet, ce qui ravive l’intérêt des professionnels, des parents, de la population et des médias.
2017
Le Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur du Québec, via sa Politique de la réussite éducative, affirme vouloir rendre explicite l’importance de répondre aux besoins des élèves doués.
2019
Le cadre de référence pour les élèves doués et talentueux de la CSMB est mis à jour. Auront notamment collaboré à ce document: les conseillères pédagogiques de la CSMB (Christine Touzin, Julie Grenier, Nancy Geoffroy), les directrices adjointes du Service des ressources éducatives (Anne-Lyse Levert, Myriam Lemire), ainsi qu’une équipe de recherche composée principalement de chercheuses du département de psychoéducation de l’UQTR:
- Mme Line Massé, responsable du projet, Département de psychoéducation, Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR);
- Mme Caroline Couture, cochercheuse, Département de psychoéducation, Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR);
- Mme Claire Beaudry, cochercheuse, Département de psychoéducation, Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR);
- M. Jean-Yves Begin, cochercheur, Département de psychoéducation, Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)
- Mme Claudia Verret, cochercheuse, Département des sciences de l’activité physique, Université du Québec à Montréal (UQAM).
En cohérence avec la définition adoptée par l’équipe de recherche, le CSMB adopte comme définition de la douance la définition de Françoys Gagné qui distingue la douance du talent.
2019
Le Centre de Services Scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSSMB) – à l’époque la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys, en collaboration avec ses partenaires, l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), Haut potentiel Québec et l’Association québécoise pour la douance, tient son 1er Colloque sur la douance.
2020
Le Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur publie le document Agir pour favoriser la réussite éducative des élèves doués. Le Ministère mentionne (p.3) que ce document, conçu à l’intention du réseau scolaire, vise à soutenir les enseignants, le personnel des services éducatifs complémentaires, les directions d’écoles et les parents dans leur compréhension des besoins des élèves doués et dans leurs démarches visant à y répondre en milieu scolaire.
Dans sa version synthétisée mise en ligne en 2021, le ministère fait ressortir les faits saillants suivants:
- Il n’existe pas de consensus sur une définition universellement reconnue.
- Aucun profil unique d’élève doué ni de critère unique permettant de les reconnaître.
- Les élèves doués ont des profils très diversifiés.
- La douance ne doit pas être considérée comme un diagnostic.
- La majorité des experts recommande de chercher à observer des comportements ou des manifestations de la douance.
- La douance ne correspond pas à un quotient intellectuel et n’est pas synonyme de réussite scolaire.
- Les services aux élèves doués sont déterminés selon les mêmes principes que ceux offerts aux autres élèves, soit selon une approche non catégorielle, basée sur les besoins de l’élève.
- Dans certaines situations, la douance peut passer inaperçue ou coexister avec un trouble ou une difficulté.
- Certains élèves doués sont considérés handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage, ils sont alors considérés comme des élèves HDAA. Le plan d’intervention permet d’analyser les capacités et les besoins de l’élève à l’école et favorise la concertation des acteurs pour répondre à ses besoins.
2021
- La POLITIQUE DES ÉLÈVES DOUÉS ET TALENTUEUX du CSSMB est mise à jour.
- Le Centre de Services Scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSSMB), en collaboration avec ses partenaires, tient 2e Colloque sur la douance.
- Au Canada, le portrait est hétérogène. Tremblay (2021) dresse un portrait comparatif des politiques provinciales et territoriales des 10 provinces et des trois territoires canadiens au regard des élèves doués et talentueux et du contexte dans lequel s’inscrit leur scolarisation. Il y constate
un fort contraste entre les provinces ne reconnaissant pas cette catégorie et celles les reconnaissant. Chez ces dernières, un consensus sur la terminologie utilisée et la définition est observé. En ce qui concerne les mesures scolaires et extrascolaires, la grande majorité des provinces propose des mesures explicitement ou implicitement destinées aux élèves doués. Toutefois, celles-ci sont plus explicites et détaillées dans les provinces reconnaissant formellement cette catégorie d’élèves.Tremblay, P. (2021)
Et maintenant?
Conséquemment, sans grandes surprises, les neuropsychologues et les psychologues constatent une hausse significative des demandes de consultation pour une possible douance. La douance est suridentifiée dans plusieurs milieux et certains parents vont même jusqu’à nier les conclusions des professionnels lorsque ceux-ci ne confirment pas sa présence. L’AQNP a d’ailleurs fait le point à ce sujet dans la dernière année (cf.: La douance : plus fréquente qu’auparavant?). Des chercheurs ont également accordé des entrevues aux médias (cf.: La douance à outrance?). Malgré tout, la situation demeure préoccupante.
Références
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Dernière mise à jour: 6 avril 2023