Trouble de la mémoire chez l’enfant

© Louise Rodrigue, psychologue/neuropsychologue

À notre connaissance, peu d’études portent sur les troubles de la mémoire à long terme chez l’enfant. Ceci ne veut pas pour autant dire que ces troubles sont inexistants. Ainsi, quelques cas sont répertoriés dans la littérature, mais pas suffisamment pour en extraire un modèle solide et étayé. D’ailleurs, il n’est même pas fait mention de ce trouble dans le DSM-5, ni même dans les autres classifications. Généralement, lorsque nous parlons des troubles de mémoire chez l’élève, nous les associons à d’autres troubles (ex.: TDAH, dyslexie, etc.).

D’un point de vue conceptuel et théorique par contre, si l’on admet que des troubles d’attention, de langage ou moteurs puissent être d’origine neurodéveloppementale, nous avons de fortes chances de croire que ceci puisse être le cas pour la mémoire!

Mais pourquoi donc cette absence de diagnostic? Bussy & al. (2019) posent les hypothèses que les professionnels ne détectent pas ces troubles de la mémoire à long terme possiblement parce que souvent la présence chez un enfant dysmnésique d’un autre trouble cognitif plus connu et plus fréquent (donc mieux diagnostiqué) pourrait être concomitant et peut-être aussi en raison de l’absence d’échec scolaire massif.

En l’absence de définition, ces mêmes auteurs ont proposé un modèle conceptuel de dysmnésie développementale qu’ils définissent ainsi:

« la dysmnésie pourrait se définir comme un trouble persistant de la mémoire à long terme explicite ne s’expliquant ni par une déficience intellectuelle ni par un trouble sensoriel ou un trouble cognitif autre, et ce en l’absence de carence éducative et sociale. Le trouble peut affecter la mémoire sémantique ou la mémoire épisodique, en modalité verbale et/ou visuelle. Le trouble peut se situer au niveau de l’encodage, du stockage ou de la récupération des informations. Ce trouble apparaît au cours du développement et n’a pas de cause organique identifiée (contrairement à l’amnésie développementale). « 

Légitimement selon nous, ces auteurs soulèvent qu’en

« L’absence de reconnaissance de ce trouble et donc de définition claire avec des critères spécifiques ne peut que conduire à un sous-diagnostic. C’est donc un cercle vicieux qui semble s’installer : absence de définition donc peu de connaissances de la part des professionnels, qui de ce fait, ne font pas de diagnostic ce qui conduit à un sous-diagnostic. . . et ainsi de suite. « 

Ainsi, ironiquement, la mémoire de l’enfant se trouve sous-investiguée et ce, même si elle est au cœur même des apprentissages. Seules certaines situations plus ciblées (ex.: tumeur au cerveau, traumatisme crânien, épilepsie) portent spontanément à évoquer de tels troubles. Bien que l’hypothèse de déficits mnésiques développementaux soient théoriquement très plausible, de plus amples études seraient donc souhaitables afin d’étayer le sujet.

Références

Bussy, G., Seguin, C., & Bonnevie, I. (2019). Dysmnésie développementale: Un trouble neurodéveloppemental oublié. Neuropsychiatrie de l’Enfance et de l’Adolescence, 67(1), 43–49. doi.org/10.1016/j.neurenf.2018.09.003.

Dernière mise à jour: 11 avril 2021