Trouble des conduites alimentaires (TCA)

© Louise Rodrigue, psychologue/neuropsychologue scolaire

Les troubles des conduites alimentaires (TCA) sont placés au troisième rang des maladies chroniques les plus communes chez les jeunes. L’adolescence, avec le phénomène de la puberté et tout ce qui l’accompagne, représente une période de grande vulnérabilité pour les jeunes à risque de développer un tel trouble. Conséquemment, pour la majorité des personnes présentant ce trouble, celui-ci a débuté entre l’adolescence et le début de l’âge adulte. Dufresne, L. (2021) mentionnant que les taux d’incidence de l’anorexie mentale et de la boulimie sont plus élevés chez les jeunes femmes âgées de 15 et 20 ans et que la prévalence estimé chez les adolescentes se situe entre 5,7 et 15 % et 1,2 à 3 % chez les adolescents.

Définition

Lorsque nous faisons références aux troubles des conduites alimentaires, nous parlons de

Troubles qui se caractérisent par des perturbations persistantes du comportement alimentaire, souvent marquées par un contrôle excessif ou une perte de contrôle sur l’alimentation, et par d’importantes préoccupations liées au poids ou à la forme corporelle.

Grilo, 2014; Herpertz‐Dahlmann, 2015

Le DSM-5 distingue les différents types de troubles des conduites alimentaires en se basant sur

la présence ou l’absence de certaines particularités liées à la fréquence et la durée des comportements alimentaires problématiques (c.-à-d., restriction, compensation des apports, purgation), aux pensées associées et à l’indice de masse corporelle.

Dufresne, L. (2021)

Le DSM-5 reconnaît trois troubles alimentaires principaux: l’anorexie mentale, la boulimie et l’hyperphagie boulimique ou binge eating disorder.

Conséquences des TCA à l’adolescence

Les conséquences des TCA sont souvent sous-estimée. Pourtant, elles peuvent être très importantes.

Conséquences physiques


Tous les systèmes organiques peuvent être affectés et des complications médicales peuvent survenir. Tout dépendamment de la durée des symptômes, de la fréquence des comportements purgatifs, de l’ampleur et de la rapidité de la perte de poids et de l’âge du jeune, les complications peuvent impliquer, de façon plus ou moins significatives selon le cas, le:

  • système cardiovasculaire;
  • système endocrinien;
  • système gastrointestinal;
  • système squelettique et tégumentaire;
  • système nerveux;
  • métabolique et hématologique.

Conséquences permanentes?

Dans la majorité des cas, les complications sont réversibles lorsque les apports alimentaires augmentent et que les comportements purgatifs cessent. Toutefois, Dufresne (2021) mentionne que certaines complications peuvent s’avérer permanentes, tels que:

  • le retard de croissance;
  • les changements neurobiologiques structurels;
  • la faible densité minérale osseuse.

Conséquences sur le plan psychologique

Les causes versus les conséquences sont ici difficiles à départager. Nous pouvons ici citer entre autres la présence d’une détresse émotionnelle, d’humeur dépressive, d’irritabilité, d’anxiété, d’idéations ou de gestes suicidaires. Plus de la moitié de ces jeunes présenteraient des idées suicidaires et Dufresne (2021) mentionnent également que 25 et 40 % présenteraient des comportements autoagressifs.

Conséquences sur le plan social et familial

Le fonctionnement social et familial est souvent altéré. Nous pouvons par exemple observer:

  • une diminution des contacts sociaux;
  • des comportements d’isolement;
  • un surinvestissement de temps et d’énergie dans les comportements compensatoires, les compulsions;
  • plus d’émotions à connotation négatives chez les parents et les proches;
  • Etc.

Les troubles concomitants

Il y aurait un ou plusieurs troubles associés dans 55 et 89 % des cas et ceux-ci peuvent se présenter avant, pendant ou après la phase de rémission. Par exemple:

  • troubles de l’humeur;
  • troubles anxieux;
  • troubles obsessionnels-compulsifs;
  • abus de substances;
  • troubles de la personnalité (notamment les troubles de la personnalité limite, dépendante et obsessionnelle compulsive).

Mise en garde: la présence de troubles de la personnalité à l’adolescence ne fait pas consensus dans la communauté scientifique, le mots troubles évoquant une personnalité cristallisée, alors que la personnalité serait en pleine construction pendant l’adolescence. Il est plutôt suggéré, par prudence, de parler de traits de personnalités à cette période développementale.

Caractéristiques sur le plan cognitif


Certains écrits suggèrent (mais pas tous!) que le fonctionnement exécutif pourrait avoir un rôle à jouer, notamment des déficits sur le plan des capacités de

  • planification/organisation;
  • élaboration de stratégies;
  • prise de décisions;
  • habiletés de résolution de problèmes;
  • flexibilité mentale et comportementale;
  • inhibition et contrôle des impulsions.

Les causes

Tout comme la grande majorité des troubles répertoriés au sein du DSM-5, nous parlons d’une étiologie multidimensionnelle qui résulte bien souvent d’interactions plus ou moins complexes entre des facteurs de risque.

Références

American Psychiatric Association. (APA, 2015). DSM-5 : Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (5e éd.) (version internationale) (Washington, DC, 2013). Traduction française par J. D. Guelfi et al. Paris, France : Masson.

Dufresne, L. (2021). Personnalité chez les adolescents souffrant de troubles des conduites alimentaires. Perspective dimensionnelle et centrée sur les personnes [thèse de doctorat, Université Laval]. http://hdl.handle.net/20.500.11794/71243

Grilo, C. M. (2014). Eating and weight disorders. New York, NY: Psychology Press.

Herpertz‐Dahlmann, B. (2015). Adolescent eating disorders: Ipdate on definitions, symptomatology, epidemiology, and comorbidity. Child and Adolescent Psychiatric Clinics, 24, 177-196. https://doi.org/10.1016/j.chc.2014.08.003

Dernière mise à jour: 8 janvier 2022

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